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L’évolution de la danse orientale en France

Nous assistons depuis quelques temps à la naissance de la danse orientale française en tant que mouvement populaire. Comme dans d’autres pays européens, le récent développement de la danse orientale en France n’est pas une mode passagère. Elle est un des effets de l’évolution culturelle de la société française sous l’influence de la culture orientale.Il n’existe malheureusement pas de statistiques concernant le développement de la danse orientale, car il n’y a pas encore de fédération ou de syndicat qui regrouperait les danseuses et les enseignantes. Par surcroît, la danse orientale est une des rares activités qui n’est pas encadrée par l’Etat, pourtant omniprésent partout ailleurs. Toutefois, nous pouvons tous constater certains faits qui témoignent d’une croissance récente et d’un engouement spectaculaire futur.

Le nombre de cours de danse orientale se multiplie et les professeurs voient affluer chaque année des élèves toujours plus nombreux. Il y a aussi de plus en plus de danseuses orientales qui proposent leurs services dans des restaurants et des soirées. Aujourd’hui, quel restaurant oriental pourrait se permettre de ne pas offrir un spectacle de danse à ses clients ? Les boutiques qui vendent des fournitures pour la danse orientale se portent de mieux en mieux.

Pourquoi la danse orientale est-elle un phénomène culturel durable et non une mode en France ?

La France compte cinq millions de personnes qui sont d’origine étrangère, soit à peu près 9% de la population totale. Cela n’inclut pas les enfants d’immigrés nés en France. La majorité de ces immigrés vient d’Afrique du Nord et est donc d’origine arabe. Dans les grandes villes d’aujourd’hui, des quartiers entiers sont peuplés par les orientaux, et les touristes étrangers peuvent découvrir avec étonnement un vrai souk oriental dans certains quartiers.

Sous cette influence, la population a adopté progressivement des éléments de la culture orientale. Par exemple, dans les années 90, dans le domaine de la chanson populaire, la variété d’Afrique du Nord a connu un succès grandissant, principalement avec le Raï, un succès qui a ensuite franchi les frontières et qui ne se dément pas aujourd’hui. On ne compte plus les restaurants orientaux dans les grandes villes, dont la clientèle européenne est de plus en plus importante. A mon sens, ces éléments ne sont que les indicateurs d’un phénomène plus profond.

La naissance et le développement de la danse orientale en France s’inscrit dans une forme d’orientalisation progressive de la culture Française, c’est-à-dire un métissage des cultures. C’est la raison pour laquelle elle ne peut être qu’un phénomène durable qui s’amplifiera encore fortement dans un avenir proche. Ainsi, on peut dire que la danse orientale en France n’en est qu’à ses débuts en tant que phénomène culturel, même si bien sûr la pratique de cette danse par certaines Françaises n’est pas nouvelle. Mais cette pratique était auparavant marginale.

Cette caractéristique de mouvement populaire en pleine genèse fait que la pratique de la danse orientale n’est pas encore structurée en France. Ainsi, l’Etat encadre l’enseignement de toutes les danses au moyen de diplômes qui conditionnent le droit d’enseigner, mais pas la danse orientale. Par ailleurs, il n’existe aucune organisation importante capable de fédérer les danseuses et les professeurs.

La danse orientale en France n’a pas encore de véritables stars, en dehors des stars égyptiennes. On assiste certes à la formation de compagnies de plus en plus nombreuses, mais aucune n’a encore de retentissement important. Les futures stars françaises se trouvent certainement parmi ces milliers de femmes et de jeunes filles anonymes qui apprennent ou pratiquent la danse orientale aujourd’hui. Ces stars naîtront lorsque l’engouement du grand public pour la danse orientale aura pris toute son ampleur, ce qui se produira nécessairement d’ici quelques années. Il faudra aussi que le grand public apprenne progressivement à avoir plus de discernement, qu’il apprenne à distinguer une vraie danseuse orientale, qui traduit la musique, d’une fille qui se trémousse sur une musique arabe (certaines de ces filles osent même enseigner la danse orientale !). Pour le moment, c’est le cas pour une minorité du public d’origine française, et cela je le constate fréquemment. Mais, je pense que cette faculté de discernement du public se développera rapidement, en même temps que son engouement pour la danse orientale qui le conduira à assister à de plus en plus de spectacles et à comparer les danseuses entre elles. Cela se fera aussi sous l’impulsion des aficionados d’origine arabe qui sont de vrais connaisseurs.

Qui pratique la danse orientale en France. L’une des caractéristiques les plus intéressantes, c’est que les élèves des cours de danse orientale et les danseuses qui se produisent en spectacle sont majoritairement d’origine française, ce qui témoigne de l’intérêt que portent les Français à la culture arabe. Mais, il y a à mon sens deux raisons principales à ce phénomène. Tout d’abord, la danse orientale a mauvaise réputation parmi les Arabes. Ainsi, dans un mariage oriental, on préfèrera inviter des danseuses non musulmanes qui n’offenseront pas les plus religieux puisqu’elles ne sont pas dans la soumission (nom donné par le Coran à la communauté musulmane ou Islam). Ensuite, les filles d’origine nord-africaine pensent que la danse orientale est chez elle naturelle. Ce qui est bien sûr faut. Il ne leur suffit pas d’être née dans un milieu orientale qui transmet plus ou moins bien les bases pour savoir bien danser. Il faut acquérir de la technique, il faut répéter souvent, il faut apprendre à chorégraphier pour faire une bonne danseuse. Les danseuses orientales seront-elles bientôt majoritairement d’origine occidentale ?

Les élèves des cours de danse orientale appartiennent à toutes les classes d’âges et à toutes les catégories sociales. On y trouve aussi bien des adolescentes, voire des enfants, que des femmes d’âge mûr. Mais la majorité est constituée de jeunes femmes. Les cours, qui sont généralement d’un tarif abordable, sont accessibles pour les femmes des classes moyennes. Des établissements voués à la culture populaire et financés par les collectivités publiques permettent au moins aisées d’apprendre elles aussi la danse orientale.

Je constate aussi que la danse orientale ne se limite pas aux grandes agglomérations. Même s’il n’existe pas de statistique sur cette répartition géographique, je peux dire que ma boutique en ligne a environ 30% de clientes qui habitent des petites villes de province. Cela montre que la danse orientale, loin d’être l’apanage des grandes agglomérations, est un phénomène qui touche la population française en profondeur, sur toute la superficie du territoire français, y compris la France profonde.

En ce qui concerne les spectacles, nous assistons à un foisonnement de représentations publiques de faible envergure dans la France entière, même si certaines compagnies, comme Mille et une Nuits, parviennent déjà à atteindre un meilleur niveau, sans toutefois arriver à concurrencer les Bellydance Superstars. Les spectacles privés se multiplient aussi. Ainsi, on invitera une danseuse orientale, non seulement lors d’une soirée orientale, mais aussi en diverses occasions, comme un mariage, un anniversaire, un enterrement de vie de jeune fille ou de vie de garçon, une remise de diplômes, une soirée d’entreprise, une animation de casino, etc. Nous constatons ainsi que les gens aiment voir des danseuses orientales en toutes occasions, sans qu’elles aient de rapport avec l’Orient, ni que les organisateurs soient d’origine orientale. Toutefois, le lieu de prédilection où se produisent les danseuses reste le restaurant, soit qu’il s’agisse d’un restaurant orientale, soit qu’un restaurant classique organise une soirée orientale.

Je pense qu’il s’agit là des prémisses qui annoncent un développement de spectacles de danses orientales français de plus grande envergure qui réuniront de nombreux spectateurs dans de grandes salles. Il est évident que l’apparition de stars françaises renforcera encore cette tendance.

Je voudrais aussi évoquer un autre aspect de l’intérêt pour la danse orientale en France. Les Français sont des gens qui ont niveau d’éducation élevé et qui de ce fait s’intéressent en grands nombres à la dimension culturelle des phénomènes. Ainsi, l’intérêt pour la danse orientale elle-même se double souvent d’un intérêt pour ses aspects culturels et pour les cultures orientales. Bien souvent une femme qui s’intéresse à la danse orientale, en prenant des cours par exemple, cherchera à en savoir plus que ce qui est strictement nécessaire à sa pratique. Cela a conduit, notamment, à la naissance récente en France d’un magazine sur papier uniquement consacré à la danse orientale, Passion Orientale, alors qu’il existait déjà un magazine francophone québécois sur ce thème, Papyrus.

L’intérêt grandissant pour la danse orientale ne se limite pas simplement à l’apprentissage de la danse. Il y a un désir profond de comprendre et d’intégrer les éléments culturels qui l’accompagnent. La musique, l’histoire, la littérature et même la gastronomie des régions d’où provient cette danse deviennent des sujets d’intérêt pour ceux qui s’engagent dans cette aventure.

De nombreux ateliers et séminaires sont maintenant proposés, couvrant non seulement les techniques de danse, mais aussi des sujets tels que le costume traditionnel, l’histoire de la danse orientale et la signification des mouvements. La danse orientale en France est plus qu’un simple passe-temps ou un exercice. C’est une exploration profonde d’une culture riche et diversifiée.

Le paysage de la danse orientale en France est en constante évolution, avec de nouveaux artistes, enseignants et interprètes émergeant chaque année. Avec une telle passion et un tel engagement, il est clair que la danse orientale a trouvé une place durable dans le cœur et l’âme de la culture française.

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